Lazare de Schwendi/Lazarus von Schwendi

 Originaire de Souabe, le baron Lazare de Schwendi (Mittelbiberach 1522- Kirchhofen 1583, inhumé à l’église de Kientzheim) est un des généraux les plus fameux de son temps. Ce n’est pas seulement un homme de guerre et un théoricien militaire, mais aussi un humaniste, formé au Gymnase de Strasbourg, et un administrateur tolérant, à une époque qui ne l’est guère. C’est un Européen. Il est parfaitement bilingue et maîtrise la culture classique.

 D’abord au service de Charles-Quint, dans sa guerre contre les princes protestants (Ligue de Schmalkalden), il dirigea le siège de Gotha (mai 1547) et prit une part décisive au siège de Magdebourg (1549-1551). Fait chevalier au siège de Metz (1552), il exerça divers commandements aux Pays Bas, en particulier lors des victoires de Saint-Quentin (1557) et de Gravelines (1558). Châtelain de Brisach/Breisach, il fit l’acquisition des seigneuries de Bürckheim, Triberg, et Kirchhofen, dans le Kaiserstuhl et de celle du Hohlandsbourg (Hohlansburg), dans le vignoble alsacien (1564) et s’installa définitivement à Kientzheim en 1569. Il exerçait également les fonctions de Reichsvogt de Kaysersberg.

 En 1564, l’empereur Ferdinand lui confie le commandement de l’armée envoyée en Hongrie pour contrer l’offensive du sultan Soliman le Magnifique. Sa campagne, couronnée de succès, s’achève par la paix d’Andrinople (1568). Il est élevé au titre de baron et devient alors le plus proche conseiller de Maximilien II pour les affaires militaires. Ses Diskurs und Bedenken über den Zustand des heiligen Reichs (1570) et son Kriegsdiskurs (1571) exaltent le patriotisme impérial et la tolérance religieuse. Pour faire face au danger turc aussi bien qu’aux menaces du roi de France, Schwendi propose d’établir des places fortes et des garnisons. Il donne lui-même l’exemple en Alsace, en modernisant son château de Hohlandsburg avec le concours du grand architecte strasbourgeois Daniel Specklin et organise des plans de défense (Landsrettungen).

 

Pour le remercier de les avoir sauvés des Turcs, les habitants de la ville de Tokay lui avaient offert les meilleurs tonneaux de leur vin. La légende a fait le reste : au XVIIIe siècle, on lui attribue l’implantation en Alsace du cépage de pinot gris, appelé Tokay en son honneur, jusqu’à ce qu’une décision technocratique de Bruxelles interdise cette appellation réputée concurrencer la production hongroise et slovaque.

 



 

Dessiné par Francis Quiquerez et gravé par Daniel Lepeltier, le groupe proposé par l’AFCFEF représente Schwendi en compagnie de sa femme, Anna Boecklin von Boecklinsau et d’un vigneron alsacien devant un tonneau de Tokay.

 

Le château de Kientzheim est le siège de la Confrérie Saint-Etienne et abrite le musée de la vigne.

 

Mondialement connu pour la Statue de la Liberté de New York, le sculpteur Auguste Bartholdi lui a élevé une statue au centre de Colmar : contrairement à Miss Liberty, le général de l’armée impériale ne brandit pas le flambeau qui éclaire le monde, mais une grappe de raisin.

 

Georges B.