L'APPRENTISSAGE DU METIER DES ARMES A LA FIN DU XIII° SIECLE

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L'apogée de la chevalerie se situe au XII° et au XIII° siècle. Le combat à cheval est réservé à une élite guerrière qui se confond avec la noblesse toute entière. Pour pouvoir devenir chevalier, il faut être issu d'un lignage reconnu et suivre un entraînement rigoureux ; on apprend à monter à cheval avant 12 ans,  après c'est trop tard !! et l'on s'initie au maniement des armes auprès d'un chevalier expérimenté, un parent ou un ami, parfois assez loin du château familial.

Comme l'essentiel du combat s'effectue sous la forme de charges au galop contre un adversaire de même puissance, en se servant d'abord d'une lance puis d'une épée, cette formation privilégie l'équitation et l'escrime. L'exercice de la quintaine (représentée ici) consiste à toucher une cible montée sur un axe pivotant, en esquivant la masse d'arme déplacée par l'impact. Il s'agit donc de s'habituer à l'accélération et au choc et à maîtriser ses réflexes. Le futur chevalier porte d'abord le titre d'écuyer puis reçoit son équipement personnel et sa « qualification professionnelle » au cours de la cérémonie de l'adoubement aux alentours de ses 20 ans. Ce rite est, au départ, profane, mais l'Eglise s'efforce de lui donner un sens religieux à partir des valeurs chrétiennes (Paix de dieu, trêve de dieu, croisade ...).

 

Les guerres entre chevaliers sont relativement peu nombreuses et ne font guère de victimes dans leurs rangs ; on se bat entre « portifs », pour la rançon et l'honneur. Les tournois (qui sont des simulacres de bataille) ou les joutes (qui sont des duels à cheval) peuvent avoir le même résultat. A la fin du XIII° et au début du XIV° siècle, ils sont l'illustration la plus parfaite de cet art de la guerre à la fois très brutal et très codifié. Les miniatures du célèbre Codex Manesse de Heidelberg (1er tiers du XIV° siècle) en sont les représentations les plus fameuses ( http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/cpg848)

 

Dessiné par Francis Quiquerez et gravé par Daniel Lepeltier au standard de 45 mm, la saynette proposée ici réunit Conradin de Hattstatt encore adolescent, son père ; le chevalier Conrad Werner et un valet.

Ces personnages sont bien connus.

Conrad Werner ; bailli impérial d'Alsace vers 1280, est un grand seigneur de la région de Colmar, maître du château du Pflixbourg et possède également des fiefs dans le duché de Lorraine, notamment La Bresse et Gérardmer. Son gisant se trouve dans l'église des Dominicains d'Unterlinden à Colmar.

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En 1285, il conduit son fils au tournois de Chauvency (dans la Meuse actuelle) ; c'est son entrée dans le monde des champions. Le poète Jacques Bretel en a donné un récit en vers dans un manuscrit enluminé conservé à Oxford.

Corandin affronte le sire de Briey. Au début du combat, son père l'apostrophe dans ces termes : « Si tu ne fais pas la besogne, je t'interdis de revenir à la maison, je te chasse de chez moi pendant un mois ». Le choc est brutal, les deux cavaliers tombent à terre, On les croit morts, ils se relèvent, et le poète de conclure en s'adressant à l'assistance féminine : «  Voyez Mesdames dans quel état se mettent ces chevaliers. C'est pour vous qu'ils risquent leur vie et dépensent leur fortune, et sont en péril de mort. Et tout cela pour conquérir votre amour ».

 

Les armoiries des sires de Hattstatt étaient « d'or au sautoir de gueules » ; composées d'une croix de Saint André rouge sur fond jaune. La famille était très ramifiée. La branche de Conrad Werner se distinguait des autres par une étoile noire dans la partie supérieure (au chef) de l'écu. Les différents membres de la famille se reconnaissaient aussi à leur cimier « individualisé ». Le heaume de Conrad Werner était surmonté d'une tête de chien comme le montre son gisant.

Les Hattstatt étaient fiers de leur chevalerie. Plusieurs d'entre eux portent des noms de héros de roman arthurien (Gauvain par exemple) Conrad Werner et son fils ont pris part à différentes campagnes militaires, notamment en Bohème et en Flandres.

 

Georges B.

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Les membres de l'AFCFEF lors de la visite du musée Unterlinden effectuée à l'occasion d'une "Master classe" en 2007