LASALLE

« Tout hussard qui n'est pas mort à trente ans est un jean-foutre .»

Cette célèbre sentence de Lasalle tombé à 34 ans, le 6 juillet 1809 lors d'une des dernières charges de la bataille de Wagram, illustre parfaitement la personnalité de ce général considéré comme le modèle de l'officier de cavalerie légère.

Doté d'un excellent sens du combat, d'un oeil sûr et d'une grande réactivité, il était de ceux capables de faire basculer le sort d'une bataille. Homme aimable, joyeux compagnon, au franc parler, humain avec ses subordonnés, il était fort apprécié de ses soldats et de l'armée entière.

Né à Metz en 1775, Lasalle s'est illustré sur tous les champs de bataille de la Révolution et de l'Empire, de la campagne d'Italie en 1797, en passant par l'Egypte, la Prusse en 1806 à la tête de la terrible « Brigade infernale », l' Espagne ensuite et jusqu'à l'ultime campagne de 1809.

Figure emblématique des armées napoléoniennes, il a souvent été représenté en figurines notamment dans des états majors, en voici une nouvelle version en 54 mm. inspirée d'un dessin de Jack Girbal.

Figurine éditée par Félix Baret. Dessin et gravure Werner Otto.

Réunion au fort Rapp Moltke de Reichstett

 

Le 17 octobre dernier, la réunion mensuelle de l'AFCFEF était organisée au fort Rapp Moltke de Reichstett (banlieue nord de Strasbourg). Ce fut l'occasion de retrouver les copains (et copines) de la section figurine de l'ASLGA ; club local. Nous avons également rencontrer deux collectionneurs italiens de Rome et Milan qui souhaitaient faire la connaissance de notre club.

Le repas pris sur place a été suivi par la visite guidée du fort.

 

Le fort Rapp Moltke de Reichstett fait partie de la ceinture de 14 forteresses construites par les prussiens pour défendre la capitale alsacienne au lendemain de la défaite de 1870.

De forme pentagonale, c'est un fort à fossé sec qui a pu accueillir jusqu'à 800 hommes commandés par 15 officiers.

 

Depuis 2003, la gestion du fort est confiée à l'association "Patrimoine et histoire de Reichstett". Celle ci, en collaboration avec l'Association des Anciens Coloniaux continue l'entretien et la restauration des locaux. Ce sont des membres de ces associations qui nous ont chaleureusement accueillis, nourris et guidés dans notre visite des installations

 

Merci à eux et à Michel qui a initié cette journée aux portes de Strasbourg.

 

Plus de détails sur le Fort Rapp Moltke :ici

 

HOMMAGE A CHRISTIAN

 

Le 1er août dernier, Christian nous quittait, rejoignant les grands Maîtres qui l’avaient initié dans l’Art de la peinture des figurines historiques.

Devenu lui-même très tôt un « Maître » de la peinture « fine » il nous éblouissait par la qualité des ses œuvres, donnant à chaque figurine une personnalité peu commune.

Christian réalisait également des petites figurines de 20 mm dites de « Kriegspiel » qui, réunies en plaquettes donnaient à la fois un effet de masse digne de tableaux de scènes de batailles et une impression de relief grâce à un style bien particulier de peinture.

Christian Terana faisait aussi des aquarelles, il « habillait » à la demande les planches noir et blanc de divers auteurs comme Boisselier, Zweguintzow, Louis de Beaufort etc.…

 Christian s’était aussi lancé dans l’édition ou la réédition d’ouvrages anciens, les Susane, les Boppe, les Fieffe, les Sauzey … ainsi que de nombreuses planches.

 Il fournissait les collectionneurs de figurines plates de 10, 20 et 30mm venant de moules de divers graveurs sur toutes les périodes et en particulier celles allant de la Guerre de Trente Ans à celle de 1870.

 Christian a également fait partie d’un groupe de « kriegspieleurs » celui de Pierre Fouré et était un redoutable joueur.

 Christian a été de très nombreuses années membre et administrateur de la Sabretache après l’avoir été de la SCFH. Il en a été le distingué bibliothécaire.

 Il était connu et reconnu de tous. Chacun l’appréciait. Il était au centre du monde des figurinistes et collectionneurs de figurines historiques comme le catalyseur de ce cercle somme toute très restreint.

 Christian était familier des grandes expositions et bourses aux figurines : Kulmbach, Lunéville … où il participait, exposait et vendait.

 Il acceptait volontiers, pour les collectionneurs éloignés de Paris, de les représenter à Drouot, ou bien de leur ramener des figurines de Kulmbach tous les deux ans. Très discret et d’une grande pudeur, Christian était très à l’écoute et toujours prêt à rendre service.

 Dans son petit atelier, boulevard Kellermann, Christian peignait des figurines historiques le matin face à sa fenêtre à la lumière du jour 4 à 5 heures. Le mois de juin, avec sa belle lumière, était réservé à la très belle peinture fine. L’après-midi à droite de sa fenêtre pendant 4 à 5 heures, il « habillait » les planches qui lui étaient confiées.

 Christian travaillait sur toutes les époques, mais la Guerre de Trente Ans avait sa préférence et de loin.

 Il a consacré toute sa vie d’Artiste à l’histoire vue sous l’angle de la « couleur », la représentation des soldats et de leurs uniformes n’étant pas dépourvue d’harmonie, bien au contraire.

Christian Terana est parti rejoindre les anciens dont il est devenu l’égal : Douchkine, Boisselier, Rousselot, Leliepvre ainsi que tous les figurinistes et collectionneurs de figurines historiques qui nous ont précédés.

Luc Demazure

 

 

TRISTES NOUVELLES

Nous avons appris samedi la disparition d'un véritable ami de notre association. Christian Terana répondait présent à chacune de nos sollicitations pour nos salons. C'est une perte réelle dans notre petit monde, il était un peu le fédérateur des vieux, et moins vieux, collectionneurs de toute la France, notre trait d'union. Son érudition, sa profonde connaissance du monde de la figurine, sa disponibilité et sa gentillesse vont laisser un grand vide et, la semaine prochaine, nous ne verrons pas sa silhouette un peu voûtée arpenter nerveusement les travées encombrées du chapiteau de Kulmbach.

... et comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, dimanche, c'est la disparition de Sheperd Paine qui était annoncée. Qui parmi les plus anciens d'entre nous n'a pas rêvé devant les photos de ses figurines dans le catalogue Historex ?

 

LE SYNDROME POST-TRAUMATIQUE KULMBACHIEN

 

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Le cabinet est austère, plongé dans la pâleur des rideaux tirés. La situation pourrait être banale : je suis allongé sur un divan, le thérapeute est assis près de moi et prend des notes. C'est un lacanien, tendance saucisse de Franckfort.

- C'est votre généraliste qui vous envoie. Dans son courrier, il m'indique que votre souffrance psychologique est intense, que votre cas le dépasse. Parlez-moi de votre expérience.

- Et bien voilà : j'étais là-bas.... Avec mes camarades.

- Vous y étiez ?

- Oui (silence prolongé). C'était dur, très dur ! J'ai vu des camarades tomber. Ceux qui sont rentrées étaient truffés de plomb et d'éclats de métal. D'autres avaient sombré dans l'alcool, la bière... Certains en ont perdu la raison. D'autres encore souriaient bêtement en permanence, l'air hagard, le regard vide. Moi je m'en suis tiré physiquement, mais je suis sujet au cauchemar. Comment expliquer tout ça à leurs femmes et à leurs enfants ?

- Dites «  le mot »

- Kulmbach, m'écriais-je en pleurs. Pourquoi m'en suis-je sorti et pas eux ? Personne n'est rentré indemne. Dans l'ambulance grise que je conduisais au retour, mes camarades, très marqués, en parlaient tout le temps, en frères et sœur d'armes. C'était la fraternité du feu. Mais nous voilà de retour à la vie civile. Nous sommes brisés.

- Vous souffrez du syndrome post-traumatique kulmbachien. Il est puissant. C'est un syndrome courant chez les sujets qui ont subi un choc sévère, comme un séisme de magnitude 9, la guérilla alsacienne ou la cuisine anglaise. Ses effets sont irréversibles et l'on peut craindre une addiction au jaune de mars. Parlez- moi encore.

- De temps en temps, nous avions des permissions à l'arrière, sur le stand. Mais nous savions les copains là-bas, seuls, abandonnés à leur terrible sort. Alors, on y retournait, encore et encore. C'était dur, très dur !

- Le mieux est encore de vous réunir entre vous. La thérapie de groupe est la seule efficiente, avec la quête sur la voie publique. Je crains que la guérison ne prenne du temps ; un an, sans doute deux. Je vous conseille également des loisirs paisibles comme la peinture ou la lecture de revues historiques.

- Merci docteur, je vais joindre les anciens et leur proposer une première thérapie de groupe le 21 septembre.

- Cela dit, par-delà les moments de honte et de détresse que vous éprouvez, vous pourrez dire fièrement à vos petits-enfants : «  aout 2013 à Kulmbach, mes camarades et moi, nous en étions ! »

Et il me prescrivit deux ans d'arrêt maladie.

Moralité : un plat d'étain dans la poche vaut mieux que deux tu l'auras.

             Fraternité kulmbachienne,

                                                                   Benoît

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